Cap Vert : Ton corps, ton outil

Dès le début de ma mission au sein du CNO du Cap-Vert, je me suis rapidement aperçu de l’importance accordée par les habitants de ces îles africaines au soin de leur corps. Il suffit de se promener à Kebra Kanela (la plage la plus connue de Praia, la capitale), à la tombée de la nuit, pour y voir de nombreuses personnes s’entretenir. L’image transmise par la silhouette est très travaillée tout comme les tenues portées. La danse, partie intégrante de la culture de l’archipel, résume très bien l’intérêt pour la mise en avant du corps.

Une pratique sportive libre

Pour comprendre le potentiel sportif du Cap Vert, il faut aller au-delà du nombre de licenciés dans les différentes associations sportives. En terme fédéral, le Cap Vert ne possède que très peu de licenciés et pourtant les habitants sont sportifs. Ils sont nombreux à courir, se promener, faire de la zumba, du fitness ou d’autres activités. Le 4 avril 2019, j’ai participé à mon premier événement Sport for Life [1]  avec le Comité national olympique du Cap-Vert. J’ai été impressionné par le niveau sportif des jeunes cap-verdiens sur les différents ateliers.

Toutes les générations sont séduites par une pratique libre. Les plus âgés se promèneront tandis que les plus jeunes travailleront leur force brute. Les habitants ont à leur disposition de nombreuses « stations » sportives. Les différentes villes ont installé dans les rues des machines permettant la musculation au poids de corps. De cette manière toutes les machines s’adaptent à l’individu.

A proximité des plages, le basket 3×3 et le football attirent le jeune public. Sur celles-ci, on fait du gainage, du volley-ball ou encore de la capoeira. J’ai également pu m’apercevoir grâce à mes échanges avec les acteurs sportifs que la Fédération Cap Verdienne de jeux d’échecs est développée. Elle va d’ailleurs soutenir le Comité sur mon projet de Check Point Olympique, création de lieux  sur les différentes îles combinant informations sur le monde sportif et pratique sportive gratuite.

A la mode

Après avoir façonné leur corps avec une pratique physique libre, les Cap Verdiens le stylisent. Ils prennent grand soin à personnaliser leurs coupes de cheveux de manières novatrices. Durant les Jeux Africains sur Plage à Sal, j’ai coordonné les volontaires sportifs. Lors de la remise des équipements (casquettes et polos), les ports de casquette étaient tous plus originaux les uns que les autres. Au travail, en soirée ou entre amis, le style a son importance. Des couleurs vives sont arborées tout en gardant du sérieux via l’ajout de gadgets ou de rappels. Les équipements d’entreprise, comme les chemises du CNO, sont monnaie courante et entretenues. Savoir s’habiller est un acte social important.

De la Coladeira au Funana

Si Cesaria Evora est la reine de l’archipel, la danse quant à elle en est le roi. De la Codaleira au Funana en passant par la Kizomba, le corps devient outil de socialisation au rythme de ces musiques. Toutes les générations, dès le plus jeune âge, écoutent et dansent sur les mêmes musiques : une vraie éducation rythmique ! L’ensemble des musiques cap verdiennes, à l’exception de la Morna, est faite pour être dansé en couple. S’en découle un jeu de séduction qui captivent les passions. Via la danse, le façonnement et la stylisation de l’apparence corporelle prennent tout leur sens.

L’omniprésence de la danse est telle qu’elle est devenue un argument de vente pour la « Team Cap Vert » dans nos recherches de partenariats. Elle fait partie intégrante de l’identité du pays. Actuellement, nous réfléchissons pour l’incorporer artistiquement dans le visuel des tenues des athlètes cap verdiens pour les Jeux Olympiques de Tokyo.

[1] Evénement multisport organisé par l’ONG SportImpact, pour plus d’information voir : http://sportimpact.org/

Valentin Vix, Volontaire 2019 au CNO du Cap-Vert