Les mois passés au sein du Comité National Olympique Cap-verdien permettent de me rendre compte que l’on ne saurait réduire la société cap-verdienne à une seule de ses îles. Le pays est un archipel composé de territoires aux caractéristiques bien différentes : îles sous le vent, îles aux vents, îles tropicales, arides, volcaniques, montagneuses, dunaires, ou encore inhabitées. Ces différentes caractéristiques impactent la culture et les pratiques sportives de chaque île, y dévoilant tout leur potentiel. Si l’archipel suppose une fragmentation spatiale du pays, ce caractère insulaire multiple constitue un véritable atout dans l’émergence, la diversification et le développement de la pratique sportive locale.
Comme de nombreuses terres insulaires, le Cap-Vert est une terre d’échanges. Archipel de l’Atlantique faisant face à l’Amérique latine, situé au large des côtes sénégalaises et gambiennes et anciennement portugais, le pays arbore une position unique au carrefour des différents continents. Relai terrestre sur de grandes voies maritimes, il possède une forte diversité culturelle façonnée par les migrations et passages au fil du temps. L’impact de la culture brésilienne se retrouve ainsi dans les îles aux vents, avec une pratique répandue des arts afro-brésiliens de la capoeira et de la samba. Le pays est également très influencé par la culture africaine continentale, notamment dans ses danses à l’instar des variantes de kizomba originaire de son voisin lusophone angolais.
Les falaises tombant à pic dans l’Océan Atlantique sur le versant nord de Santo Antão, l’île aux vents la plus éloignée du continent africain. Crédit photo : @aude_christelle
Comme de nombreux États insulaires, le Cap-Vert est également un pays d’émigration avec une forte communauté cap-verdienne présente à l’étranger. Ce réseau contribue à enrichir le tissu sportif local. À titre d’exemple, l’athlète du 400 mètres Jordin Andrade, né et ayant grandi aux États-Unis avec la double nationalité, a choisi de représenter le Cap-Vert aux Jeux Olympiques de Rio et aux championnats du monde d’athlétisme 2017. Les athlètes originaires de différentes îles mettent en valeur le potentiel de l’archipel dans son ensemble, qui ne saurait se réduire à l’île de Santiago où se situe la capitale, Praia. Ainsi, le basketteur cap-verdienne Edy Tavares, joueur au Real Madrid, est originaire de l’île de Maio, tandis que le kitesurfeur de renommée mondiale Mitu Monteiro participe activement à la promotion de son île de naissance, Sal. Le Comité National Olympique Cap-verdien veille à la promotion de ce réseau d’athlètes localement. J’ai ainsi eu l’opportunité de monter un projet éducatif auprès d’étudiants avec la gymnaste Wânia Monteiro, athlète aux Jeux Olympiques d’Athènes (2004) et de Pékin (2008).
L’athlète Mitu Monteiro représente fièrement les couleurs du Cap-Vert au Global Kitesports Association World Tour. Crédit photo : Ydwer / GKA Content
La présence de l’océan est ainsi un aspect inhérent à la culture cap-verdienne. En découle une culture du sport aquatique forte ayant atteint une renommée internationale avec l’essor de la pratique du kitesurf. L’île de Sal figure depuis plusieurs années comme destination favorite pour des pratiquants du monde entier, avec plusieurs spots de kite et de windsurf incontournables pour la qualité de leurs vagues et de leurs statistiques de vent. Dévoilant le potentiel sportif de l’archipel, cette visibilité pour le Comité s’est accrue avec l’organisation des Jeux Africains de Plage organisés au Cap-Vert pour la première édition en 2019, sous la gouvernance de l’Association des Comités Nationaux Olympiques d’Afrique (ACNOA). L’île de Sal a accueilli une multitude de sports comme le beach-volley, le football de plage, la nage en eau libre, ou encore l’aviron côtier.
Affirmant la place prépondérante des sports aquatiques dans la culture cap-verdienne, ces Jeux ouvrent la voie d’une démocratisation toujours plus grande de la pratique des jeux de plage dans le pays. Cette croissance est par ailleurs entretenue par l’évolution de l’offre touristique dans l’archipel. De nombreux sports se sont ainsi développés ces dernières années, avec une hausse de la pratique de la plongée, du snorkeling, du surf, du bodysurf et du stand up paddle. La Fédération Cap-verdienne de Surf veille à cet accroissement de la pratique, d’autant plus pertinente au regard de l’inscription du surf comme sport olympique pour les prochains Jeux Olympiques !
Retour sur la première édition des African Beach Games. Crédit photo : @salbeachgames
De la même façon, la place de l’océan dans le quotidien des Cap-verdiens influence différentes pratiques sportives dérivées, liées aux enjeux de la protection de l’environnement. Le développement du sport outdoor comme le trekking et la plongée loisir, de plus en plus pratiqués avec la hausse du tourisme, amène à davantage de conscience environnementale. L’archipel est par ailleurs reconnu comme site majeur de nidification de tortues marines et requiert à ce titre une attention particulière quant à la protection des zones côtières. La préservation des fonds marins et du littoral est un réel défi, et c’est avec détermination que le Comité National Olympique Cap-verdien s’engage en rejoignant l’initiative WORLD CLEANUP DAY. Lancée par l’association Let’s Do It Foundation, membre de l’UNEP (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), cette journée mondiale du nettoyage est une opération planétaire ayant pour objectif la lutte contre la pollution à travers des nettoyages citoyens. Différentes initiatives sportives sont au rendez-vous afin d’inciter la population cap-verdienne à préserver l’écosystème : ramassages collectifs de déchets, sensibilisation à la préservation de l’environnement côtier et promotion du plogging, nettoyage citoyen combinant le footing à la collecte des déchets. Nous avons chacun pu contribuer à cet évènement en participant à des collectes et en relayant les initiatives voisines.
Si l’administration d’un archipel peut se révéler complexe, le cas du Cap-Vert témoigne de la richesse qu’une telle architecture naturelle suppose. La place prépondérante de l’océan dans la culture du Cap-Vert a ainsi fortement influencé les pratiques sportives de ses îles, et laisse entrevoir un brillant avenir sportif à ses habitants !
Marie, CNO du Cap-Vert, promotion 2020
Photo de une : Le Cap-Vert possède de nombreuses oeuvres de street-art d’îles en îles, ici inspirée de la faune aquatique locale. Crédit photo : Martin Zwick (@martinjzwick, www.zwick-naturfoto.de)