La francophonie sportive existe. Et elle se porte bien. A ceux qui en doutaient, l’après-midi du samedi 8 novembre 2014 a apporté une réponse, en plein Bangkok, un coin de la planète où la langue française se fait pourtant plutôt discrète. A peine le rideau tombé sur l’Assemblée générale de l’ACNO (Association des comités nationaux olympiques), dans un Centara Convention Center plein comme un oeuf, une autre assemblée générale sonnait le rappel, à l’Alliance française de la capitale thaïlandaise: celle de l’AFCNO, l’Association francophone de comités nationaux olympiques. Entre les deux, une seule lettre d’écart.
De l’avis général, l’année 2013 avait été celle d’une forme de retour en piste pour l’AFCNO. Ses membres avaient profité des Jeux de la Francophonie, début septembre à Nice, pour tenir leur réunion annuelle. Elle avait marqué un renouveau, dans la mobilisation et plus encore dans les ambitions. L’édition 2014, la 5ème de l’histoire, a enfoncé le clou. Marcel Aubut, le président du Comité olympique canadien, fraîchement élu à la commission exécutive de l’ACNO, suggère à sa manière, sans faire l’économie d’un élan d’enthousiasme: « Nous avançons, c’est formidable. Ce qui est en train de se passer me parait plein de promesses. »
Première réussite: le nombre. Pas moins de 34 comités nationaux olympiques ont pointé à l’Assemblée générale, sur les 43 que compte actuellement l’AFCNO. Deux nouveaux pays ont rejoint l’Association en date du 8 novembre 2014: le Tchad et la Guinée-Bissau. Denis Masseglia, le Secrétaire général de l’AFCNO, remarque en faisant ses comptes: « Avec plus de 40 membres, nous représentons tout de même 1/5ème de l’ensemble des comités nationaux sur la planète! » Dans un mouvement olympique où la réalité est souvent à découvrir par le prisme des réseaux et des alliances, une telle proportion est tout sauf anecdotique.
Deuxième satisfaction: les actions. A l’Alliance française de Bangkok, on a parlé « plan de développement » à tous les modes et sur tous les tons. Au présent, avec l’envoi ces prochains jours d’une promotion de jeunes volontaires francophones, formés le mois dernier au siège parisien du CNOSF, en partance pour les comités nationaux du Burundi, Cameroun, Sénégal, Gabon, Albanie et Vanuatu. Au présent, encore, avec la naissance d’un nouveau logo, décliné aux couleurs de la francophonie.
Pour l’avenir, le dossier affiche une belle épaisseur. Citons, sans ordre chronologique, la création d’un annuaire des francophones du sport international, le projet de donner naissance aux Trophées du sport francophone, la mise en route d’un programme de stages destinés aux cadres techniques des pays membres de l’AFCNO. Plus immédiat, et déjà validées, la réalisation d’une plaquette de présentation de l’Association et la mise en ligne de son site Internet officiel.
La Francophonie sportive existe et se porte bien. Mais, surtout, elle veut parler français. A Bangkok, plusieurs voix se sont élevées dans l’assistance pour appeler les dirigeants présents à imposer la langue françaises dans les réunions et les événements du mouvement olympique. « Elle est la langue officielle, nous devons la défendre », martèle Alain Ekra, le président de l’AFCNO. « Décidons ensemble de nous exprimer en français, dans nos interventions, lorsqu’un service de traduction sera disponible, en laissant le temps aux gens de mettre leurs écouteurs », suggère Denis Masseglia. Aïcha Garad Ali, la présidente du comité olympique de Djibouti, membre du CIO depuis 2012, n’a pas attendu l’appel de ses pairs pour passer aux actes. Le matin même, elle s’était exprimée en français lors du petit-déjeuner organisé à Bangkok par le site américain Aroundtherings. « J’ai imposé de le faire, glisse-t-elle. Et ils sont allés chercher un interprète ».