Léo Moreau est volontaire francophone* en mission de service civique auprès du CNO du Cap-Vert depuis le début de l’année. Il présente pour l’AFCNO les premiers mois de son expérience.
› Bonjour Léo, raconte-nous le début de ton aventure au Cap-Vert….
Je suis arrivé à Praia, la capitale du pays, il y a maintenant trois mois. Je me suis très bien adapté à la vie ici, bien aidé par les Cap-verdiens dont l’accueil et l’hospitalité sont exemplaires. Mon apprentissage progressif de la langue créole et des codes sociaux facilitent de jour en jour mon intégration dans le pays et au sein du Comité National Olympique. L’équipe composée d’une dizaine de personnes m’a accueilli de la meilleure des manières et la bonne organisation générale permet de travailler dans de très bonnes conditions.
Le Cap-Vert est un pays très jeune qui s’est construit au gré des échanges et des métissages. Il en résulte une très large diversité sociale et culturelle, très intéressante à vivre au quotidien. Chaque île a ses spécificités et j’ai pu noter des différences importantes au niveau de la langue ou de la culture de certaines d’entre elles. L’influence de la Francophonie est également visible, notamment au niveau linguistique : de nombreux Cap-verdiens parlent français et on retrouve même quelques mots de français dans le vocabulaire créole.
› Comment se sont passés tes premiers pas dans le mouvement olympique ?
L’environnement de travail est différent de ce que j’ai pu connaître par le passé en France ou au Brésil ! D’abord, parce que la langue du quotidien est le créole cap-verdien ! Bien que le portugais soit la langue institutionnelle officielle, il est vraiment important de maîtriser le créole pour comprendre un minimum les échanges du quotidien.
Les premières semaines m’ont aussi permis de m’acclimater à l’environnement du CNO en général, c’est-à-dire de visiter les principales infrastructures sportives de la ville, de rencontrer les partenaires du CNO ainsi que les personnalités les plus importantes du mouvement olympique au Cap-Vert. J’ai ensuite pu débuter plus concrètement ma mission, avec le lancement d’un programme de formation et de promotion du français auprès des acteurs du mouvement olympique cap-verdien (dirigeants, arbitres, entraîneurs des fédérations, membres de la Commission Exécutive du Comité, membres du Comité Paralympique, etc). La préparation et la structuration de ce programme occupent la majeure partie de mes journées au Comité Olympique. J’ai aussi des missions ponctuelles de traduction, de communication avec des partenaires internationaux et d’organisation logistique des événements du Comité. Par exemple, fin mars, j’ai contribué à l’organisation à Praia d’un forum international sur la place des femmes dans le sport et d’un workshop dédié au leadership féminin dans le sport, avec la participation de plusieurs représentantes de l’Afrique francophone (Sénégal, Mali, Mauritanie).
› Pourquoi promouvoir le français au sein du mouvement sportif cap-verdien ?
La raison est assez simple : de nombreux acteurs et institutions sportives nationales cherchent à améliorer leurs compétences en français au niveau professionnel et sportif. Cela s’explique par le fait que les acteurs du mouvement olympique et sportif cap-verdien travaillent de plus en plus avec leurs homologues et partenaires du continent africain, dont beaucoup sont francophones. Il existe donc un besoin de développer les capacités de communication et de coopération en français afin de renforcer l’efficacité et la durabilité des projets de collaboration, notamment au sein de l’Association des Comités Nationaux Olympiques Africains.
Mon objectif sera prochainement de sensibiliser les jeunes Cap-verdiens à l’importance de la maîtrise du français et à son utilisation pour soutenir les projets olympiques du CNO du Cap-Vert. Ici, la langue n’est pas une fin en soi mais plutôt un instrument, un canal de transmission des valeurs olympiques auprès des sportifs et en particulier auprès des plus jeunes.
› Après 3 mois, quelles sont tes premières conclusions sur cette expérience ?
Mon impression générale après 3 mois est réellement positive : le Cap-Vert est un pays très agréable ! Bien qu’il soit un « petit » pays par son territoire et sa démographie, sa société et sa culture sont très riches, car au cœur des influences portugaises, brésiliennes et occidentales africaines. Le Cap-Vert est un pays très intéressant, surprenant et attractif !
Sur un plan professionnel, mon prochain objectif est de programmer un événement spécifiquement dédié à la promotion de la francophonie et des valeurs olympiques d’ici la fin de l’année. Je commence donc à réfléchir aux partenaires éventuels et aux moyens qui pourront être mobilisés afin d’établir un projet cohérent, porteur de sens pour la population et avec un impact durable. Les enjeux, les dimensions de la réflexion sportive doivent être adaptés à une réalité sociale spécifique.
* Le dispositif de volontariat sportif francophone, par l’intermédiaire du programme de l’Agence de Service Civique française, permet aux CNO membres et aux organisations associées de l’AFCNO d’accueillir, pour une durée de 8 à 12 mois, un(e) jeune diplômé(e) francophone à même de soutenir le développement de projets au service du mouvement sportif francophone : éducation aux valeurs olympiques, développement de la pratique sportive pour tous, communication, développement d’unions sportives francophones, etc… Chaque année une dizaine de jeunes francophones bénéficient de ce dispositif.